Marshall Rosenberg
J’évoque une situation vécue récemment et qui fut
pénible pour moi.
Je me repasse le film.
Je laisse revenir, j’observe et j’accueille pendant quelques
instants ce que cette situation a déclenché en moi.
Les étapes de la relecture |
Les audioguides de chaque
étape |
Je me dis mon intention pour cette activité de relecture | |
Je décris les faits qui se sont produits | |
En relisant ces événements je
pense quoi ? Qu'est-ce qui tourne dans ma tête ? |
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En relisant ce que j'ai écris,
je ressens quoi dans mon corps ? Quelles sont les émotions qui m'habitent ? |
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Depuis ma conscience profonde
j'accueille la pertinence de ce qui m'est pénible |
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Pour chaque sentiment pénible, j'écoute et j'accueille ce qui me manque, ce que j'aurai aimé vivre | |
Je me laisse ressentir quelles
sont les aspirations profondes qui animent chaque part de moi
en souffrance autour d'un besoin non satisfait |
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Je prends un temps pour goûter
l'énergie précieuse qui anime chacune de mes aspirations |
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Je discerne si je peux faire quelque chose de particulier pour mieux prendre en compte mes aspirations et prendre pour cela des décisions |
La poursuite du travail de relecture consiste à passer du temps à contempler, goûter, accueillir profondément chacun des élans de vie (chaque étiquette "Celui en moi qui aspire à...") qui ont été mis au jour par l'accueil du vécu intérieur.
Ce faisant, nous sommes mis en contact avec l'énergie de vie qui anime chacune de ces aspirations essentielles de notre être. Nous pouvons percevoir combien elles sont pertinentes et au service de la vie. C'est comme si la vie même, en nous, voulait cela. Nous prenons ce qu'on peut appeler comme un bain d'être, une imprégnation vitalisante avec qui nous sommes au fond.
Alors peu à peu se dégage une cohérence entre ces différentes aspirations, alors même que plus superficiellement elles pouvaient nous apparaître comme antagonistes.
Il se dégage aussi en nous un véritable espace pour accueillir l'être des autres personnes impliquées dans la situation vécue. Car l'aspiration à l'accueil inconditionnel d'autrui fait partie intégrante de notre humanité.
A partir de là notre intelligence peut se remettre à fonctionner d'une façon différente, apaisée et régénérée par cette imprégnation. Et il peut se produire comme un petit miracle : de nouvelles stratégies nous apparaissent pour résoudre la difficulté vécue dans la situation.
1 - Mon
intention pour cette activité de relecture : prendre
conscience de l’impact en moi de cet événement. Il a déclenché des
cogitations et des émotions. Je réalise que je ne suis pas ces émotions
qui m’habitent, je ne suis pas ces pensées spontanées qui me traversent.
J’héberge tout cela. Je vais me rendre présent à tout cela. Je vais
écouter ce retentissement. Je ne vais pas le réprimer. Au contraire, je
vais le prendre en considération.
Au fond de moi, je suis cette conscience bienveillante qui accueille.
2 – J’évoque cette situation vécue récemment et qui fut pénible pour moi. Je me repasse le film. Je laisse revenir, j’observe et j’accueille pendant quelques instants ce que cette situation a déclenché en moi. Qu’est-ce qui s’est passé ? J’observe les faits qui ont stimulé ce ressenti pénible. Je les écris sur une feuille de papier. J’écris seulement ce que verrait une caméra filmant la scène, pour le moment je n’écris pas mes pensées ni mes affects.
3 – J’écris maintenant tout ce qui se dit en moi au sujet de ces faits, toutes les pensées et cogitations qui me viennent. Je me laisse écrire tout ce qui me vient, aussi crûment que cela se dise. Je peux écrire en différents endroits de ma feuille.
4 – Je relis ce que j’ai déjà écrit. Je tourne le projecteur de ma conscience vers mon corps. J’accueille mes différents ressentis corporels éprouvés lors de cette évocation. Qu’est-ce qui se passe en moi, qu’est-ce que je ressens ? Sous quelle forme, avec quelle intensité ?
Est-ce un poids, une brûlure, une tension, une douleur, un mouvement… ? C’est quoi ? C’est où dans mon corps ? En quel endroit ?
J’écris les émotions que je suis en train d’observer. J’exprime du mieux que je peux les sentiments qui m’habitent.
- Est-ce comme un mouvement de recul ? Est-ce une tension, une inquiétude ? Si c’est le cas, qu’est-ce que je redoute ? Qu’est-ce que je voudrais éviter ? De quoi ai-je peur ? (Je l’écris)
- Est-ce comme un mouvement agressif, un agacement, une irritation, une colère ? Si c’est le cas quel est le dommage que je subis ? Je veux me protéger de quoi ? (Je l’écris)
- Est-ce comme un mouvement de fatigue, de déprime ? Est-ce comme un accablement, un découragement, une tristesse ? Si c’est le cas quelle est la perte que je déplore ? (Je l’écris)
J’accueille ce qui se passe comme c’est.
5 – J’observe peut-être qu’il y a en moi un mécontentement de ressentir cela.
Si c’est le cas, je commence par accueillir ce mécontentement.
Ce qui se passe en moi a de bonnes raisons d’être là.
J’ouvre un espace de bienvenue pour tout cela.
Je fais de la place à tout cela, j’en mesure l’importance. Je vais écouter à présent les manques dont témoignent ces ressentis pénibles.
6 – Je
m’interroge : si je me raconte tout ça, si je ressens tout ça,
c’est qu’il me manque quelque chose d’important pour moi dans cette
situation. Qu’est-ce donc ?
Qu’est-ce que je recherchais au fond ? Quels besoins n’ont pas été pris
en compte ?
Qu’est-ce qui n’a pas pu se vivre dans cette situation et que j’aurais aimé vivre ?
Je relis ce que j’ai déjà écrit avec ce questionnement. Je laisse me venir les réponses.
Je les note comme elles me viennent.
Je prends tout le temps qu’il me faut pour cela.
Je me laisse ressentir le manque…
J’entre dans le deuil, l’absence de ce que j’aurais aimé vivre.
Il se peut que je ressente comme une validation intérieure : oui,
c’est bien cela qui me manque.
7- Alors je vais aller un peu
plus loin…
Et je me demande : et si les besoins que je viens d’identifier
avaient été satisfaits dans cette situation précise, cela m’aurait
permis de vivre quoi de vraiment essentiel pour moi ? Dans quelles
aspirations profondes, dans quelles valeurs s’enracinent ces
besoins ?
J’observe ce qui se passe en moi quand je suis ainsi en contact avec mes aspirations profondes, lorsque je les prends vraiment en considération, lorsque je réalise que ce que je recherche au fond c’est vraiment quelque chose de bon et de bien. C’est, au fond, la vie elle-même qui cherche ça en moi. Je réalise que l’intensité de mes émotions est en lien avec l’importance, le précieux de mes aspirations. Je me laisse goûter cela, autant que je le peux.
8- Enfin,
pendant quelques instants, je veille en ce bien, ce précieux de mes
aspirations, en cette vie qui désire cela en moi, je m’y dépose, je m’y
appuie, je m'y confie, et je m’y laisse faire,
autant que possible.
…
Alors, peut-être, puis-je ressentir un peu de paix, et aussi un peu de
gratitude pour le bien que je perçois là, aussi mince qu’en soit ma
perception.
9- Alors, peut-être, dans cette petite clairière de calme revenue, puis-je envisager quelque chose de particulier à faire pour prendre mieux en compte le besoin que je viens d’accueillir. Je laisse venir et je note ce qui me serait possible de faire. Si une intention précise s’est dégagée, puis-je lui faire de la place en moi ? Si c’est le cas, je peux la laisser communiquer sa présence aux parts de moi-même qui sont en manque. Puis-je maintenant décider de poursuivre mon chemin avec ça ? Oui, je prends la main de ce que j’ai pu rejoindre de vivant et de bon...
et je m’y tiens.
Je me remercie d’avoir pris ce temps et fait ce bout de chemin…
PS : cette méthode est en partie inspirée de la méthode d'analyse de André Rochais, fondateur de PRH et de l'approche de l'IFS de Richard Schwartz, bien illustrée dans cette vidéo d’Isabelle Padovani : « Donner la parole aux multiples aspects de l'Enfant-Moi ».