La conscience active du vécu intérieur
Je ne suis pas mes pensées, je ne
suis pas mes émotions
Comment ma conscience peut-elle se dégager d'un vécu intérieur pour
être capable de l'accueillir et de l'éclairer ?
Quand je vis une situation difficile pour moi, je suis envahi
spontanément par mes émotions et mes cogitations. Je m'identifie
spontanément à ce qui se passe en moi. Je n'ai pas de bouton où appuyer
pour que cesse cet état pénible ou inconfortable. Ma conscience ne peux
que subir, elle est dans une état passif.
Ce premier temps est naturel et presque inévitable.
Le mal-être est cependant comme un signal d'alarme. Je peux m'en rendre
compte, même confusément :
"Ça ne va pas ! Oui, devant cette situation, il y a des choses en moi
qui ne vont pas bien".
Cette alerte m'invite à prendre une décision pour prendre en
considération ce qui se passe en moi.
Se décider à faire une lecture du vécu intérieur n'est pas bien facile
au début. Après une période d'apprentissage, et avec de la pratique,
cela se vit pourtant de mieux en mieux.
C'est en effet par cette activité de relecture que ma conscience va
pouvoir dans un deuxième temps se dégager de l'emprise émotionnelle et
mentale dont elle était prisonnière pour pouvoir l’accueillir, en
comprendre la cohérence et en prendre soin.
Dans ce second mouvement, ma conscience se réveille et passe dans un état
actif.
Ce qui se passe en moi est résumé schématiquement ci-dessous : à gauche
un personnage dont le mental est occupé de pensées compulsives et dont
la sensibilité est remplie d'émotions pénibles. Il est debout sur une
petite planète qui symbolise ses racines, son être même : la vie qui
l'habite et se manifeste par des aspirations profondes, des besoins
essentiels, une poussée pour exister.
Ce schéma veut mettre en évidence que pensées et émotions sont les
messagères d'un manque vécu au niveau des besoins essentiels. Il peut
permettre de comprendre une distinction fondamentale entre "Qui je
suis", la conscience d'être qui m'anime, et "Ce que je suis",
les pensées et émotions qui m'habitent en fonction du niveau de prise en
compte de mes besoins.
C'est cette distinction entre le "Je" et le "Moi" qui est
mise en œuvre dans l'activité de relecture d'un vécu pénible. Je
prends la responsabilité de ce qui se passe en moi.
Que se passe-t-il en effet quand je prends la peine d'écrire un ressenti
intérieur
et que je le pose là, devant moi ?
J'écris par exemple sur un post-it : "Je suis inquiet" et je le
pose sous mes yeux. J'observe la correspondance entre mon vécu intérieur
et l'objet qui est là. Que se passe-t-il ? Est-ce qu'il se produit comme
un écho intérieur avec une acquiescement : "Oui, c'est bien ça, je
suis vraiment inquiet !" ?
Il peut me venir alors des pensées au sujet de cette inquiétude. Je les
écris elles aussi, les unes après les autres sur des papiers séparés. Je
les dispose et les agence sous mon regard jusqu'à trouver qu'il y a des
liens entre elles : les cogitations s'articulent autour de chaque
ressenti. Je les regroupe par grappes cohérentes.
Ce faisant ma conscience devient active et se pose en présence des
reflets de ce qui m'habite.
A chaque groupe d'élément ainsi identifié, je peux dire "Oui tu es là
et tu as ta propre raison d'être que je commence à mieux apercevoir."
Cela me met sur la piste de besoins non satisfaits. Je découvre peu à
peu que chaque grappe est animée par l'énergie d'une aspiration
profonde. Elles sont souvent antinomiques et à l'origine de tensions
internes.
Ce sont des parts de moi-même que je prends en considération, chacune en
particulier.
J'entre en dialogue avec elles.
Je peux alors goûter les effets de cette présence à moi-même : le "je"
que je suis, ma conscience, dialoguant avec chaque part de moi,
entre en contact avec les énergies vitales qui les animent. Ce faisant,
je me retrouve au poste de pilotage de ma vie et je peux prendre des
décisions mieux adaptées à la situation qui fut à l'origine de ma
relecture.